Lorsque je discute avec des collègues au sujet de la différenciation pédagogique, ce qui revient c’est qu’il s’agit d’un aspect complexe du métier. Je constate que la différenciation génère beaucoup d’appréhension. C’est sans doute lié à l’hétérogénéité des classes, qui avouons-le est une réalité difficile à prendre en compte au quotidien. Pour nombre de jeunes enseignants, l’approche personnalisée de l’enseignement est considérée comme une difficulté majeure à surmonter. Dans cet article, je vous propose trois conseils faciles à appliquer pour différencier sa pédagogie. Vous créerez ainsi une expérience d’apprentissage enrichissante et valorisante pour chaque élève !

Voici mes trois conseils :

1. Ajuster les consignes pour obtenir la compréhension de tout le groupe

Le groupe classe est constitué de jeunes gens aux profils extrêmement variés. Sur le plan de la personnalité, sur le plan de la sensibilité, sur le plan cognitif, etc. Chaque élève est unique. Aucun élève n’apprend de la même manière, ni au même rythme.

On attend du professeur qu’il amène sans exception tous ses élèves au même niveau de connaissances et de compétences, à la fin d’un cycle. Je rappelle en passant que c’est un point central des objectifs du socle commun au collège. Pas facile de conduire tout le monde au même endroit en même temps. 

L’écueil est de vouloir s’acharner à faire avancer TOUTE la classe à la même vitesse. Ici, la métaphore du voyage prend tout son sens. Ce n’est pas tant la destination qui compte, mais le chemin parcouru. Certains élèves iront moins loin que d’autres, mais les étapes de l’apprentissage franchies une à une avec succès, seront des acquis solides pour la suite. C’est là l’essentiel !

Alors comment faire ?

La première chose à faire selon moi est de bien réfléchir aux consignes que vous donnez à la classe. La priorité est de choisir des formulations simples. Utilisez des expressions alambiquées et vous perdez la classe avant même le début de l’activité ! 

Une fois la consigne donnée, je vous conseille d’activer 3 leviers possibles : 

• Reformuler en changeant les verbes (certains ne sont pas toujours limpides) ;
• Ajouter une feuille d’explications supplémentaires (type word) dans laquelle vous explicitez de façon plus approfondie ce que vous attendez de l’élève ;
• Formulez le travail à accomplir sous forme de schéma (plus accessible pour les élèves plus réceptifs « au visuel »).

Le principal est d’adopter une démarche qui ne discrimine aucun élève. Les adaptations que vous faites pour différencier votre enseignement s’adressent en priorité aux élèves en difficulté. Mais attention, il n’est pas question de leur faire ressentir qu’ils ont besoin d’aide, encore moins de le leur faire remarquer. Il faut être subtil et encourageant, c’est aussi ça être pédagogue…

😀Pour vous aider dans la gestion de classe, vous pouvez consulter un article du blog consacré au sujet.

2. Différencier sa pédagogie en adaptant les documents

En tant qu’enseignant, vous savez distinguer didactique et pédagogie. Je me permets de vous rappeler que la didactique renvoie au « processus qui amène un savoir savant au savoir élève », si je peux dire. Bien distinguer les deux vous permettra de mieux comprendre ce qu’il faut entendre par différencier sa pédagogie.

Il s’agit de la démarche que vous choisissez d’adopter pour qu’un savoir brut parvienne à la connaissance des élèves. Il y aura donc des étapes de vulgarisation, d’explicitation, d’exercices, de remédiation, etc. adaptées au niveau de compréhension des élèves.

La pédagogie est l’ensemble des éléments et supports sur lesquels le professeur s’appuie pour transmettre les connaissances et les compétences. On peut citer le travail de groupe, le travail en binôme, l’utilisation de tablettes numériques ou de téléphones (eh oui !), les logiciels collaboratifs, le tableau interactif, etc.

Donc, pour revenir au support utilisé pour le cours, demandez-vous ce que vous pouvez ajouter dans le contenu pour le rendre explicite aux yeux des élèves ayant un peu plus de difficultés que les autres. 

Ainsi, vous pouvez placer une note de bas de page, une mind map, une photo, une petite vidéo explicative, visionnable grâce à un QR code, etc.

Le but est de faciliter la compréhension de la consigne et de ne surtout pas alourdir le document de travail.

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3. S’appuyer sur les élèves pour créer une synergie

En classe, vous disposez d’une ressource formidable : les élèves eux-mêmes ! Vous devez utiliser la synergie qui s’établit facilement lorsque vous sollicitez la motivation et l’implication de la classe. Il faut responsabiliser les élèves et leur faire confiance. Ils vont s’apporter mutuellement lorsqu’ils travailleront en binômes par exemple.

Avant toute chose vous devez avoir une connaissance fine de chaque membre de la classe. C’est à cette condition que vous pourrez leur demander de s’associer pour réaliser un travail en commun. Ils construiront ensemble leurs compétences. Vous serez un bon chef d’orchestre à condition de maîtriser votre partition et de bien connaître le potentiel des musiciens !

Personnellement, lorsque je prévois de former des groupes ou des binômes, je ne laisse rien au hasard. Je connais chaque profil et je compte sur les forces de chacun. C’est une forme de différenciation que de s’appuyer sur les compétences déjà présentes chez les élèves.

En réfléchissant judicieusement aux collaborations possibles, vous allez obtenir des échanges fructueux. Les élèves progressent grâce aux discussions, aux travaux d’équipes et grâce à l’émulation.

La dynamique participative est un excellent levier pour l’entraide des élèves qui apprécient de se soutenir mutuellement. Ils développent des compétences scolaires, mais également des compétences sociales.

La différenciation pédagogique est une approche qui considère que chaque élève est unique et nécessite une attention et un soutien adaptés à ses besoins individuels. Les situations d’enseignement ne sont pas toujours propices à la mise en place d’un suivi personnalisé. Il faut donc faire preuve de créativité !

Si vous débutez dans le métier d’enseignant, il est probable que mes conseils pour une pédagogie différenciée vous semblent difficiles à mettre en place. C’est tout à fait normal, vous allez devoir tester ces idées et faire votre tri, en fonction de votre propre personnalité. 

Pour terminer, je vous dirais de ne surtout pas vous forcer à adopter des méthodes qui ne vous parlent pas. Cependant, soyez ouvert à ce qui fonctionne chez les autres pour vous en inspirer. Vous gagnerez du temps dans votre apprentissage de la pédagogie !

Voilà, nous sommes à la fin de cet article, qui, je l’espère vous aura apporté des pistes pour personnaliser votre pédagogie. Si vous n’êtes pas encore abonné, n’hésitez pas à vous inscrire, vous rejoindrez les membres de ma newsletter privée !

Soyez épanouis !

Naïm